Tabac : la hausse des prix doit être accompagnée d'autres mesures
"La prévention et la promotion de la santé seront également un axe central de la nouvelle stratégie nationale de santé élaborée d’ici la fin de l’année" a fait savoir le pr Agnès Buzyn en présentant sa stratégie de prévention en santé au conseil des ministres du 30 août dernier. Chaque année, le tabagisme est responsable de 73 000 décès. Aussi, après l'introduction du paquet neutre en janvier dernier, le nouveau gouvernement entend procéder à une augmentation progressive du prix des cigarettes pour porter le prix final à 10 euros. Mais cette seule mesure ne saurait suffire à renverser la tendance.
"C’est en faisant de la prévention et de la promotion de la santé une priorité que la France pourra passer de la situation qu’elle connaît – celle d’un pays avec un très bon système de soins – à ce qui doit être son objectif : devenir un pays ayant, dans tous les domaines, un excellent système de santé", a indiqué Agnès Buzyn. Une prévention qui "doit être l'affaire de tous", mais dans laquelle elle invite également les professionnels de santé à s'investir. Des accords conventionnels seront conclus à cet effet, avec, on peut l'espérer, des rémunérations correspondantes au niveau d'implication souhaité. Les enfants et les jeunes seront particulièrement visés, de même que les entreprises. "Un plan national de santé publique rassemblera, dans un suivi commun, les nombreux de plans de santé publique existants, en particulier ceux portant sur des actions de prévention", a ajouté la ministre de la Santé.
Sur le chapitre de la lutte contre le tabac, le pr. Buzyn a annoncé vouloir "harmoniser le prix du paquet du tabac, notamment les (prix) plus faibles, dès la fin de l'année (...) en augmentant en moyenne de 35 centimes d'euros pour aboutir à des paquets à 7,10 euros. Puis il y aura une hausse d'un euro en mars prochain". S'en suivront des hausses de 50 centimes d'euros en avril et en novembre 2019, de 50 centimes en avril 2020 et de 40 centimes en novembre 2020.
29% de la population fume en France. Dans les pays déjà passés par une forte hausse du prix du tabac, comme la Grande Bretagne, la prévalence tabagique est inférieure à 20%. Les fabricants de tabac ont aussitôt fait connaitre leur opposition aux mesures envisagées, en faisant notamment valoir que le marché parallèle pèserait déjà 27,1 % de la consommation. Chiffre donné par une étude Sun KPMG pour le compte des cigarettiers BritishAmerican Tobacco plc, Imperial Tobacco Limited, JT International SA et Philip Morris International Management. Autant dire une étude parfaitement orientée. De son côté la fédération des buralistes, grands gagnants dans cette hausse des prix, appelle à manifester le 4 octobre prochain à Paris entre le ministère de la Santé à l'Assemblée nationale.
"Les hausses significatives et répétées de taxes pour parvenir à un niveau dissuasif de prix constituent la mesure la plus efficace pour réduire la consommation", rappelle le Pr. Yves Martinet, pneumologue et président du Comité national contre le tabagisme. Le tabac est responsable du décès prématuré de "plus de 75.000 personnes" chaque année, selon le rapport 2017 de référence sur la santé des Français. Il est également la 1ère cause de la BPCO qui atteint plus de 3 millions de personnes en France. Autant dire qu'il est urgent de s'atteler sérieusement à la question de la prévention du tabagisme au plus près des patients qui fréquentent les cabinets médicaux des médecins généralistes. Et sans doute également dans les rangs des jeunes qui, aussitôt arrivés au collège, plongent dans cette addiction pour n'en ressortir souvent que bien plus tard.
Jean-Jacques Cristofari
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