Convention Pfizer - FFMPS : un coup de pouce pour un bon en avant
La FFMPS a récemment signé une convention dite de revitalisation avec le laboratoire Pfizer. Cet accord permet d'apporter une aide financière limitée à la création de postes de coordonnateurs administratifs recrutés par les maisons de santé. Cette formule peu connue du grand public et des médecins découle d'une obligation légale faite aux entreprises dont a souhaité bénéficier la fédération. Explication des partenaires concernés.
La convention de revitalisation, consécutive à un Plan de Sauvergarde de l'emploi (PSE), répond à un dispositif prévu dans le cadre de la loi de cohésion sociale de 2005. Celle-ci impose à tout groupe de plus de 1000 salariés qui procède à un PSE une obligation de revitalisation consécutive à la suppression des postes concernés. Elle vise à recréer sur le territoire concerné par les licenciements autant d’emplois que le nombre de suppressions de postes. Les conditions et modalités des actions de revitalisation sont définis dans le code du travail. Les actions mises en œuvre (ainsi que les budgets mobilisés) font l’objet d’une « convention de revitalisation » signée entre le groupe concerné et l’Etat. Dans le cas qui nous intéresse, soit Pfizer et la FFMPS, cette convention de revitalisation devrait permettre d'accompagner la création d'une centaine de postes de coordonnateurs administratifs créés par les maisons et pôles de santé ou la coopérative Facilimed, lancée par la FFMPS et dédiée aux équipes pluriprofessionnelles de soins primaires en France.
"Pfizer est venu nous voir à la Fédération et tout cela est fait en totale indépendance", commente Pierre de Haas (photo), généraliste dans l'Ain et président de la FFMPS. "Le laboratoire pharmaceutique a fait appel à des créateurs d’emploi par des conventions de revitalisation. Car une société qui fait des bénéfices et détruit des emplois, se voit imposer de consigner des fonds à la Caisse des Dépôts et Consignation (CdC) pour créer des emplois. Soit sur son bassin géographique, soit sur un territoire plus vaste." De son côté, la FFMPS avait la volonté de créer des emplois de coordonnateurs administratifs pour rendre le fonctionnement des maisons de santé plus efficace et permettre aux professionnels de santé de se recentrer sur le soin. L'investissement pour chaque poste est de 50 000 euros l’année, charges comprises, pour recruter un bac + 5 en début de carrière. Ce montant est finançable par les nouveaux modes de rémunérations (NMR) initiés par la loi de financement de la Sécu de 2008 et que peuvent percevoir les MSP. "Par cette convention de revitalisation, nous recevons donc un petit coup de pouce de 5000 euros, au démarrage pour chaque poste créé, ce qui est plutôt sympathique", ajoute Pierre de Haas. L’argent sera donné à l’employeur. S’il s’agit d’un emploi recruté directement par une maison de santé, la Fédération servira d’intermédiaire entre la CdC et la MSP. Si Facilimed, société coopérative lancée récemment, recrute et emploie un coordonnateur en temps partagé pour plusieurs MSP, la coopérative percevra la somme de 5 000 euros. Dans les équipes, ces postes officient une journée par semaine dans une MSP. "A ce jour 60 sociétaires sont membre de Facilimed et nous venons d’embaucher 16 coordonnateurs. Si demain, de 10 à 12 000 équipes de PS servent les soins primaires en France, nous aurons la possibilité de créer 3 000 emplois en France", ajoute encore le président de la FFMPS. Au total, la contribution de Pfizer à la création des 100 postes de coordonnateurs, installés dans les maisons ou pôles de santé pour une durée minimale de 3 ans aura été de 500 000 euros pour un coût total de 15 millions d'euros.
J-J Cristofari
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Convention de revitalisation signée avec la FFMPS
Pfizer veut soutenir des projets de santé
Catherine Raynaud, directrice des Affaires institutionnelles chez Pfizer France s’explique sur la nature de la convention de revitalisation signée par le laboratoire au bénéfice de la Fédération Française des Maisons et Pôles de Santé
Des médecins ont cru voir à travers cette convention l’industrie du médicament « s’immiscer » dans le déploiement des activités des médecins. Qu’en pensez-vous ?
Il y a effectivement eu une incompréhension de ce qu’est une convention de revitalisation. Il y a surtout eu une interprétation selon laquelle Pfizer créait des postes. Ce qui n’est pas le cas.
Une convention de revitalisation s’impose à toute entreprise qui procède à des licenciements collectifs pour motif économique. Son objectif est de soutenir l’activité sur un bassin d’emplois ; il y a là un vrai enjeu de recréation d’emplois. Quand une entreprise de la taille de Pfizer se restructure, en supprimant des emplois, nous sommes soumis à cette obligation légale inscrite dans le code du travail. La convention de revitalisation va fixer l’engagement de l’entreprise, la nature et les modalités de mise en œuvre des actions. C’est inhérent à toute restructuration.
Chez Pfizer, nous voulons remplir nos obligations, mais aussi aller au-delà. Nous avons proposé des orientations sur l’attribution des fonds, et les suivons. Nous restons en contact avec nos partenaires. Tout ceci est validé par l’Etat, car la convention est tripartite entre l’entreprise, l’Etat (souvent la DGEFP -Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle) et l’opérateur, qui va tout mettre en œuvre pour créer des emplois.
Pourquoi avoir choisi la FFMPS ?
En raison du contexte économique et devant les changements de paradigmes du marché pharmaceutique mondial, Pfizer a entrepris différentes restructurations et dans ce cadre, a signé plusieurs conventions. Chaque convention a une durée de trois ans. En ce qui concerne la Fédération des Maisons et Pôles de Santé, son président, Pierre de Haas, a été un interlocuteur privilégié, qui a pour objectif de mettre en œuvre de nouveaux métiers au sein des Maisons de Santé. Pfizer avait de son côté des orientations liées à la santé, qui répondent à des enjeux sociétaux. Pour nous, une maison de santé est considérée par les politiques, les professionnels de santé (pour l’organisation), et les patients (pour la proximité), comme une organisation efficiente qui répond aux besoins des patients et des professionnels de santé. Aujourd’hui entre 700 et 800 structures de ce type existent, ce qui montre bien la dynamique et la volonté des professionnels de santé de se structurer de cette façon. Notre projet est lié au dynamisme de Pierre de Haas et de la Fédération.
S’agit-il bien de redynamiser l’emploi sur les territoires ?
La DGEFP a accepté le projet de la Fédération et de Pfizer. Notre siège est à Paris, mais Pfizer a des collaborateurs sur tout le territoire. Nous avons donc signé une convention nationale avec la fédération comme nous l’avons fait avec France Silver Eco (l’ancien CNR Santé), une entreprise qui développe de l’emploi au travers des start-up en domotique et maintien à domicile. Ils ont ainsi lancé « Silver Boost emploi » dans le cadre national. Nous avons aussi des engagements plus locaux, avec, par exemple, le gérontopôle de Toulouse – avec le Pr Bruno Vellas - qui ont permis de créer des emplois directs et indirects. Dans son communiqué, Pierre de Haas expliquait très bien qu’il s’agit à chaque fois à travers ces conventions d’« un coup de pouce ».
Un coordinateur temps plein coûte 150 000 euros sur 3 ans ; vous apportez 5 000 euros. Vous ne payez donc pas des coordinateurs administratifs dont ont besoin les maisons et pôles de santé, vous accompagnez le recrutement de ces derniers ?
Oui, et cela a été mal interprété. Pfizer ne crée pas d’emplois. Pfizer supporte la Fédération pour la création de ses emplois, mais la légitimité et le mérite reviennent à la Fédération, le travail et la mise en œuvre aux professionnels de santé. Nous sommes sur une obligation légale et l’entreprise se doit de verser cette contribution financière au fonds de revitalisation de toute façon. Plutôt que ce soit mis sur un projet x ou y où nous n’aurions aucune valeur ajoutée, nous avons souhaité être force de proposition sur l’orientation des fonds. Nous n‘en sommes qu’au début. L’idée de Pierre de Haas de trouver des financements d’accompagnement au recrutement de coordonnateurs administratifs pour les maisons et pôles de santé me semble bonne.
Vous proposez bien de soutenir la création de 100 postes en équivalent temps plein ?
C’est l’objectif. La Fédération a trois ans pour mettre les postes en place. Nous apportons notre soutien via ce « coup de pouce ». Il s’agit ici d’une démarche éthique, ce n’est pas, comme j’ai pu le voir, les industries qui viennent s’immiscer dans les affaires de la Fédération, ou qui créent des postes. Les fonds sont consignés à la Caisse des dépôts et consignations. La philosophie de cette opération nous intéresse, mais, en aucun cas, Pfizer ne verse de l’argent à la Fédération.
Cela participe d’une démarche citoyenne de la part de Pfizer. Que représente votre engagement au niveau global ?
Depuis 2008-2009, nous sommes à plus de 900 créations de postes (directs et indirects). Ces fonds de revitalisation soutiennent également des thèses, des post-docs, des formations, des fonds d’amorçage, des fonds d’investissements (Auriga Bioseeds, Scientipôle, …). Ce qui est important pour nous, c’est que ces fonds soient orientés sur des projets de santé, répondant aux besoins et attentes de notre société.
Propos recueillis par J-J Cristofari
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